Ainsi, jusqu'en 1908, les grandes puissances parviennent à contrôler les petits États turbulents et instables de la péninsule[87]. Dans les années 1880, Bismarck fait ainsi acquérir par des entrepreneurs coloniaux un chapelet de territoires en Namibie, à la fureur britannique, mais les ambitions allemandes entraînent des coalitions de fait des puissances coloniales déjà présentes. En effet, les responsables politiques de la double monarchie craignent une remise en cause du modus vivendi établi en 1878 par l'article 25 de l'article 25 du traité de Berlin[116]. En effet, selon les propres dires de Guillaume II et de ses ministres, la France est préoccupée par des questions de politique intérieure et par les faiblesses de son artillerie lourde[16], la Russie n'est pas en mesure de soutenir une guerre contre les puissances centrales[17] tandis que la Grande-Bretagne doit gérer les problèmes générés par la question irlandaise. Par delà les évolutions de ce système, l'alliance austro-allemande reste sur la durée la plus stable des alliances européennes. Un refus serbe à quelque moment du déroulement du scénario entraînerait immanquablement une « expédition de châtiment »[19]. Ces aspirations se formulent dans un premier temps par des théories racistes développées par l'ensemble des pangermanistes aussi bien dans le Reich que dans l'empire autrichien : ainsi, en 1905, Ernst Hasse, responsable de la ligue pangermaniste, définit l'expansion territoriale, européenne et extra-européenne, comme « nécessaire au développement d'un organisme vivant et sain »[132]. Par exemple, le Flottenverein, soutenu par les gouverneurs de province en Prusse, par les princes, par les fonctionnaires et par l'industrie, développe une propagande en faveur de la constitution d'une flotte de guerre pour permettre au Reich d'accéder au statut de puissance mondiale[136]. De même, regroupant 22 000 membres en 1914, la ligue pangermaniste dispose d'une influence limitée, mais regroupée derrière Heinrich Class, organise sa propagande autour de la notion des « idées allemandes dans le monde », contribuant à entretenir dans l'opinion publique du Reich un climat favorable à une politique impérialiste. Systématiquement, la politique extra-européenne du Reich place ce pays en compétition avec la France ou la Grande-Bretagne, créant, par delà les rivalités coloniales franco-anglaises, les conditions d'un rapprochement entre les deux principales puissances coloniales. Non seulement les rédacteurs de l'ultimatum exigent du gouvernement de Belgrade qu'il désavoue clairement l'agitation panslave dans l'empire des Habsbourg, mais aussi qu'il justifie les propos hostiles à la double monarchie, tenus par des représentants serbes, tant en Serbie qu'à l'étranger. Un certain nombre de diplomates, notamment le futur ambassadeur à Berlin, ou encore, le ministre commun des finances, Leon Biliński, ainsi que son subordonné, le gouverneur de Bosnie-Herzégovine, Oskar Potiorek poussent à cette politique de fermeté[14]. N'en déplaise à l'Autriche-Hongrie Cependant, le décalage entre cette rapide montée en puissance d'une part, et la réalité de son essor politique ultra-marin de l'autre, crée les conditions d'une exacerbation du sentiment national dans un contexte marqué par l'absence d'un vrai successeur à Bismarck[111]. Dès lors, il semble inévitable qu'un conflit au sein de l'une de ces grandes puissances entraînera une guerre totale. Il est finlandais et se prénomme Simo Häyhä. Cette analyse des causes du conflit, déclenché par l'action de forces sociales à l’œuvre au sein du système capitaliste, est reprise avec des nuances par les proches de Karl Liebknecht, qui donnent, dès 1916, à la « folie annexionniste » des dirigeants du Reich une grande responsabilité dans le déclenchement du conflit[147]. Serbie et le Monténégro se partagent la région de 1912 à 1913. Rapidement, la liberté de ton de la presse serbe, alimentée par la fin de la censure, permet le développement de campagnes de presse nationalistes, dirigées contre la double monarchie[85], permettant à un observateur, le général français Max Ronge, de définir la Bosnie-Herzégovine comme une « région politiquement infestée »[86]. 24 juillet : ultimatum des autrichiens à l'adresse du gouvernement serbe. Au cours de l'année 1913, l'Allemagne semble ne plus avoir les moyens de garantir, du point de vue économique, ses alliances politiques. Pourtant, aujourd'hui encore, une question reste floue – et pas des moindres: The Origins of the First World War (2006), Joll & Martel, Longman. Ball Roll : jeux de balle futuriste violent 24. Guerre de coalition à l'échelle européenne, ce conflit entraîne la mort de plus de 18 millions de personnes et 20 millions de blessés. Le gouvernement de Belgrade accède alors à une majorité des revendications austro-hongroises, mais refuse, après consultation du chargé d'affaires russe à Belgrade, puis soutien clair du ministre russe des affaires étrangères[33], non seulement l'intervention de la police autrichienne sur son territoire[21], mais aussi la publication de la réponse serbe dans le journal officiel du Royaume le 26 juillet[34]. Un « casus belli » c’est, littéralement, un motif de guerre. Devant les divisions politiques, le renforcement de l'armée austro-hongroise se fait en court-circuitant les parlements autrichien et hongrois[69]. Toutefois, des efforts d'objectivité de chercheurs et historiens, ressort un constat unanime: la Première En effet, le renversement de la dynastie des Obrenovic remet en cause les liens qui unissent Vienne et Belgrade, la nouvelle dynastie s'appuie en effet sur des cercles hostiles à la double monarchie[80]. Cette section est vide, insuffisamment détaillée ou incomplète. À l'ouest de l'Europe, la France, le Royaume-Uni et l'Allemagne, connaissent d'importantes rivalités coloniales et économiques. Alors que, en 1913, le Reich avait empêché son allié austro-hongrois de mener une action offensive contre la Serbie, le gouvernement allemand, informé par son ambassadeur en poste à Vienne, du relatif consensus qui règne au sein des responsables austro-hongrois[15], juge la situation européenne favorable à un règlement définitif, « énergique et décisif » (selon le mot de l'ambassadeur allemand à Constantinople) du différend austro-serbe. À partir de la fin des années 1950, cependant, les historiens allemands, en opposition avec la vision qui prévalait depuis la fin de la Seconde Guerre mondiale, tendent de plus en plus à considérer les deux conflits mondiaux comme les bornes d'une période historique spécifique[144]. Si la seconde guerre mondiale a réussi à dépasser la première en termes d’horreur, c’est pour d’autres facteurs. Ainsi, dans le cadre de la recherche d'un allié face au Reich, la France se rapproche, à partir de 1892 de la Russie[55], entrée en opposition dans les Balkans avec l'Autriche, soutenue par l'Allemagne[56]. Dans le même temps, dans un contexte d'exacerbation des rivalités entre puissances européennes[76], l'alliance ottomane est mise à mal, pour les mêmes raisons qui aboutissent à l'éviction allemande des royaumes balkaniques. Cette défaite diplomatique de la Serbie, et plus encore de la Russie, incite cette dernière à resserrer les liens qui l'unissent au petit royaume balkanique, à en faire son alliée privilégiée dans la région[18], et à la soutenir, sous peine de perdre son influence dans la péninsule[19]. Les causes de la Première Guerre mondiale sont complexes et actuellement toujours débattues. Depuis, les historiens travaillant sur les causes de la guerre se placent dans l'ensemble des traditions de l'historiographie. Les deux décennies qui précèdent la Grande Guerre connaissent de réelles ruptures au sein de l'équilibre européen, tant à l'est qu'à l'ouest. Son discours est relayé par des publications de presse aux titres évocateurs : Das grössere Deutschland (l'Allemagne plus grande), Der Panther, du nom de la canonnière allemande envoyée à Agadir en 1911, fondée en 1912[137],[127]. Ces deux États doivent aussi compter avec les ambitions italiennes en Albanie, faisant de ce royaume, un acteur important de la politique balkanique[100]. À partir de l'annonce de la mobilisation russe, les militaires de l'ensemble des pays européens prennent le pas sur les politiques et les diplomates; ainsi, des notes sont préparées à Berlin pour exiger la fin de la mobilisation en Russie, pour connaître la position française en cas de conflit et pour exiger du gouvernement belge l'autorisation de passer par son territoire. De plus, le renforcement de l'influence de la double monarchie en Albanie pousse les Italiens[N 1] à mener une politique de plus en plus entreprenante dans la péninsule balkanique[96]. paraît pas fou d'entendre un poilu murmurer à sa femme avant le départ: "Je reviendrai pour les vendanges". ), Larousse de la Grande Guerre, Éditions Larousse, 2007. Dans les faits, c'est le 6 juillet 1914 que le « chèque en blanc », donné au ministère austro-hongrois des affaires étrangères, est « constitutionnellement contresigné », selon le mot de Fritz Fischer[24] : l'initiative est en dernier ressort laissée à Vienne, mais, souhaitant résister à la « marée slave », selon le mot même de François-Joseph[25], les responsables de la double monarchie, malgré l'opposition à ce stade de Tisza, président du Conseil du royaume de Hongrie, et les réserves de Karl Stürgkh, président du conseil autrichien, partisans l'un comme l'autre de l'envoi d'une note acceptable par les Serbes, se montrent favorables à un conflit avec la Serbie[26]. Devant la controverse générée dans le monde des historiens allemands, Fischer se trouve obligé de dresser un tableau de la période précédente. Le 28 juin 1914, l'archiduc-héritier François-Ferdinand d'Autriche est assassiné lors d'une visite dans la ville de Sarajevo[3]. En Europe, chaque pays, ou Le jour même, Londres déclare la guerre au Reich[38]. Dans les premiers mois de 1914, la politique bulgare, pilotée depuis Vienne, incite les autres États de la péninsule balkanique à initier, sous le patronage de la Russie, un rapprochement[2]. Dans les derniers jours de juillet 1914, aux yeux de nombreux conservateurs, un équilibre des puissances sur le continent constitue le meilleur garant de la puissance britannique[54]. Mais l'annexion de la Bosnie-Herzégovine, les ambitions balkaniques austro-hongroises et la résistance serbe à ces pressions changent rapidement la donne à partir de 1903. Seule la Russie, touchée dans ses sphères d'influence vitales, semble prête à prendre le risque d'un conflit avec la double monarchie[18]. En dépit de leurs rivalités en Méditerranée, en Asie et en Europe, ces trois pays sont en effet inquiets devant la politique menée par Guillaume II et son gouvernement[51] (c'est d'ailleurs la loi militaire allemande de 1890, autant que le non-renouvellement de l'accord de 1887 qui pousse la Russie à se rapprocher de la France[52]). Ainsi, la Russie encourage le développement de thèses panslaves qui bénéficient dans l'empire russe d'un certain consensus. La double monarchie, sous la direction militaire de Franz Conrad von Hötzendorf[68], prévoit elle aussi une augmentation substantielle de l'armée commune et des unités territoriales des deux parties de la monarchie, entraînant une hausse du budget militaire, porté à 250 millions de couronnes[69] ; en effet, Conrad, proche de François-Ferdinand, souhaite donner à la monarchie des moyens militaires à la mesure de sa place au sein des puissances européennes et accélérer la mutation de l'armée austro-hongroise[68]. Parmi les plus modérés de ses contradicteurs, Ludwig Dehio, dont les conclusions des années 1950 avaient permis la recherche de Fischer[154], insiste sur les choix de la politique allemande depuis 1898, qui ont acté l'échec d'une concurrence maritime avec la Grande-Bretagne, échec qui aurait incité les dirigeants allemands à se tourner vers un programme d'expansion européen[155]. En effet, à partir de 1891, l'empereur d'Allemagne, Guillaume II, engage une politique visant à renforcer la puissance allemande sur le plan international (Weltpolitik) qui se traduit d'une part par une course aux armements navals avec l'… Dans les années suivant le congrès de Berlin, les grandes puissances austro-hongroises et russes s'étaient entendues pour geler la situation balkanique, à leur profit et aux dépens, notamment de l'Italie[101]. Le 26 février 1909, la Porte reconnaît l'annexion de ces territoires par la double monarchie. Maintenu sous la souveraineté nominale de la Porte, mais administré par l'Autriche-Hongrie depuis le congrès de Berlin, le Vilayet de Bosnie, comprenant les sandjaks de Bosnie et d'Herzégovine, voit son statut modifié à l'automne 1908, à la faveur de la révolution dans l'Empire ottoman[115]. Ces aspirations sont aussi affublées de toute une série de justifications culturelles et historicisantes; en 1912, par exemple, dans un ouvrage intitulé La Préhistoire allemande, une science d'intérêt éminemment national[133] Gustav Kossina, l'inspirateur des archéologues de l'Ahnenerbe, exalte la « valeur du pur sang germanique »[134], reprenant partiellement les thèses développées en 1905 par la revue Ostara[135]. Cette présence austro-Hongroise dans les Balkans contribue à dégrader les relations de la double monarchie, et par voie de conséquence du Reich, avec la Russie et à la pousser dans une alliance avec les adversaires du Reich, puis à renforcer les liens qui unissent l'empire des Tsars à la France[95].