Nouvelle traduction. Méprise. » [76] Soutenue par la reproduction phonique de l’anaphore initiale en [v] de l’original (« vaneggiar vergogna ») dans le groupe consonantique [fr] (« frénesie », « fruit »), et par la traduction de « mondo » par le locatif « ici-bas », on voit là surgir l’idée que le hic terrestre est justement ce qui, d’ici-bas, s’oppose au ciel. Du point de vue prosodique, l’attaque de plusieurs vers est bâtie sur l’anapeste (–): « Ta fatigue […] » (au vers 2, mais aussi aux vers 5, 10, 11, 13, 14, 16 et 17). Faisant écho à la deuxième partie du vers 12 (« c’est le fruit, cette honte » [77]), l’articulation du vers final en deux segments traduit « è breve sogno » par une double proposition (« c’est bref, ce n’est qu’un songe »), grâce à la réitération du présentatif, ou bien à l’ajout d’un déictique de renforcement à valeur démonstrative. Read about music throughout history Read. Yves Bonnefoy et le haïku 13 En 1972, quatre années après un voyage en Inde puis au Japon, Bonnefoy consacre un essai à Bashô, « La fleur double, la sente étroite : la nuée 25 » – la revue L’Éphémère publiant la même année une traduction du journal de voyage de … Fabio Scotto, « La risonanza dell’altro. Traduction et critique poétique, numéro spécial de la revue Littérature, P. Née éd., n° 150, juin 2008; Cahier Bonnefoy [4], Odile Bombarde et Jean-Paul Avice (dir. Pour ce même procédé stylistique, voir aussi. Yves Bonnefoy, « La traduction des sonnets de Shakespeare », Actes des congrès de la Société française Shakespeare [En ligne], 18 | 2000, mis en ligne le 01 novembre 2007, consulté le 19 décembre 2020. allemand → espagnol. Vous n’êtes actuellement pas connecté(e) en institution. Collectif Yves Bonnefoy Christophe Gallaz Nicolas Raboud Christian Zacharias Nadja Maillard Marie Andr é. Lorsque en 1994 Yves Bonnefoy publie sa traduction des vingt-quatre premiers sonnets, pour une édition d’art à tirage limité1, il la fait précéder d’un essai intitulé "Traduire les sonnets de Shakespeare". Le voici donc, accompagné de sa belle traduction par Yves Bonnefoy (« Le faucon ne peut plus entendre le fauconnier ») : THE SECOND COMING. La traduction s'élabore, comme l'écrit Bonnefoy, « dans un rapport de destin à destin1 ». Chez Yves Bonnefoy donc, la pensée critique informe la traduction, selon une réciprocité chiastique entre poésie et pensée que Patrick Née a justement remarquée [26]. BONNEFOY, Yves. 18En ce qui concerne les autres solutions adoptées, on peut remarquer une tendance stylistique très fréquente à l’articulation en deux fragments de certaines images qui en principe n’en font qu’un. » — cela devient : « Désormais, où le cri de nos grands ancêtres,/Où l’empire de Rome, immense, où ses armées,/Où le fracas qu’elle portait si loin/Sur la terre et les eaux ? Cahiers de L'Herne, L'Herne, 2010. C’est le cas de l’incipit de La sera del dì di festa : « Dolce e chiara è la notte e senza vento,/E queta sovra i tetti e in mezzo agli orti/Posa la luna, e di lontan rivela/Serena ogni montagna. Yves Bonnefoy, « La maison natale », I, v. 9. de l'anglais et de l'italien par Yves Bonnefoy. YVES BONNEFOY. Par conséquent, le traducteur décidera de combattre « le stéréotype, […] cette sorte de réalité en puissance supérieure » [65] pour situer les êtres, selon une topographie plus horizontale que verticale dans « ce monde où l’on vit dans l’ordinaire des jours » [66], par un désir de la poésie d’être proche « d’une personne réelle soudain reconnue comme telle » [67]. On ne trouvera pas meilleur exemple de la nature essentiellement poétique des décisions du poète-traducteur, de sa présence sensible dans le paysage du texte. 10Le contre-exemple de la traduction des premiers vers de L’infinito fait preuve, en l’occurrence, d’un souci de fidélité plus sourcier, lorsqu’avec le choix du singulier « cette haie » [39] il résiste à la tentation de traduire « questa siepe » par un pluriel (« ces haies ») — solution qui aurait alors suggéré une tout autre sorte de paysage : celui du rêve d’une possibilité pour le poète de « chercher plus loin, voir plus loin, espérer encore, malgré la mort, comme le berger dans les dunes de l’Asie » [40] ; car il lui faut garder l’idée substantielle et spatio-temporelle d’« un sentiment très marqué de la proximité et même de l’ampleur de “questa siepe”, de “cette haie-ci”, toute proche […] » [41]. Rien ne mérite tes fièvres. » [60] Or ce qui le frappe dans la poésie de Pétrarque, c’est la présence « d’un réseau serré de ce qu’aujourd’hui nous appellerions des stéréotypes » [61], dont la rhétorique semblerait l’éloigner « des intuitions que rien n’explique » qui furent celles d’Homère, de Virgile et de Dante [62]. Yves Bonnefoy partage avec Philippe Jaccottet et d'autres poètes de la même génération le souci de ne pas se laisser leurrer par les jeux ou les facilités du langage, par le désir de l'infini, par tout ce qui relève du magique ou de l'angélique dans les discours sur la poésie, tels qu’ils demeurent plus ou moins tributaires d'une mythologie romantique de l'acte créateur. À remarquer aussi — avec les modulations explicatives « sans un souffle » et « au-dessus des toits » — la suppression de l’adverbe locatif « di lontan », et le recours à la syncope rythmique par intensification de la ponctuation « désigne,/Sereines, […] ». Vous devez vous identifier ou créer un compte pour écrire des commentaires; Music Tales. », traduit par : « Et de ma frénésie c’est le fruit, cette honte,/Avec le repentir, et savoir, clairement,/Qu’ici-bas ce qui plaît, c’est bref, ce n’est qu’un songe. Référence électronique. » — « Pour toujours prenne fin/Ta fatigue, mon cœur. De ce point de vue, un approfondissement du travail de traduction consacré à l’œuvre de Leopardi et de Pétrarque, vu en rapport aussi avec la réflexion critique qui l’accompagne et l’enrichit, pourra constituer un moment intéressant, et à bien des égards révélateur, de la poétique de l’Auteur ; poétique qu’une analytique minutieuse, fondée sur des exemples textuels encore jamais proposés dans mes études précédentes, se propose de mettre en lumière. Fabio Scotto, « Yves Bonnefoy e Leopardi : tra critica e traduzione », J’ai créé, pour définir les conséquences de cette interprétation, le terme «. » Cela devient dans sa traduction : « Douce et claire est la nuit et sans un souffle,/Et paisible au-dessus des toits, sur les jardins/S’est arrêtée la lune, qui désigne,/Sereines, les montagnes. Enfin, un poète allait traduire un poète. Carlo Ossola, « Bonnefoy et Leopardi », in Daniel Lançon (éd.). You might also want to visit our International Edition. 19Mais l’un des buts fondamentaux d’Yves Bonnefoy dans cette traduction est de sonder « l’inexploré de la pulsion érotique » [81] du Canzoniere, « de porter la traduction d’un mot ou d’un vers un peu plus en avant que lui dans l’explicitation du désir ou du sentiment qu’il [Pétrarque] éprouve » [82], d’y faire affleurer « une pensée plus charnelle » [83]. Yves Bonnefoy, « La traduction de la poésie ». » [45], 12Le poète-traducteur sait parfois saisir le moment précis où cette reproduction phonique est possible (au point qu’on ne puisse y renoncer) — ce qui est plus probable, il me semble, entre deux langues philologiquement aussi proches que l’italien et le français. Enfin, la traduction au dernier vers de « del tutto » par « de tout ce qui est » (je souligne) confirme une fois encore le désir d’éclaircir par l’interprétation les termes métaphysiques de l’argumentation lyrique léopardienne : dans le but de revenir à cette « pure musique » [52] d’avant les mots, ouvrant sur l’immédiateté sensible de leur consistance matérielle — sur l’amoureuse « naïveté fondatrice » [53] de leur être. 5 -5% avec retrait magasin 35€ Vendu par LIBR CHAPITRE 1 neuf à 35€ 7 occasions dès 20€48 Ajouter au panier Raturer outre - broché Suivi de Soient Amour et Psyché. Et boue est le monde. Cherchez des exemples de traductions Yves Bonnefoy dans des phrases, écoutez à la prononciation et apprenez la grammaire. L'écume, le récif: 3. On y perçoit des ombres, sous des branches, Ce sont des voyageurs qui passent de nuit. 1Ayant déjà consacré à la théorie et à la pratique de la traduction d’Yves Bonnefoy deux études récentes [1], ainsi que plusieurs autres articles aux problèmes posés par la traduction de sa poésie en italien [2], j’éviterai ici de revenir longuement sur ces thèmes pour approfondir plutôt, dans ses implications théoriques et pratiques, le travail d’Yves Bonnefoy sur Leopardi et sur Pétrarque, les seuls deux grands poètes italiens qu’il ait traduits. Le destin n’a donné que de mourir. Décédé le 1er juillet 2016. Mais toujours l'eau est close, au fond du puits. », aux vers 1 et 2) alterne avec un retour à l’ordre progressif sujet-verbe du français : « Perì l’inganno estremo » (v. 2) devenant « Mon ultime illusion/Est morte » (v. 2-3) ; ou encore, « il brutto/ Poter che, ascoso, a comun danno impera » (v. 14-15) donne : « Cette force brutale qui préside/En secret au malheur universel » (v. 16-17, je souligne). GRAND TRADUCTEUR DE SHAKESPEARE, 12 novembre 1959 La traduction qu'Yves Bonnefoy donne aujourd'hui de Hamlet et de Jules César a été annoncée comme un événement littéraire (1). Tombeau de Stéphane Mallarmé: Commentaires. Yves Bonnefoy, œuvres complètes, traduction d'une quinzaine d'œuvres (1951-1998) [5], [6]. Yves Bonnefoy traduit « vie » par « existence » [36], « esser » par « existence » [37], les deux occurrences de « tedio » par « tristesse d’être » [38], ce qui signifie à mes yeux la volonté de situer l’aventure du pasteur dans le domaine de l’existence terrestre et dans la durée temporelle de la finitude humaine, ainsi que le désir de souligner la tristesse du taedium vitae pour l’être humain qui le vit, et qui en est bouleversé à chaque instant au plus profond de son être. Les deux occurrences italiennes du même mot « inganno » (v. 2 et 4) sont rendues par les deux termes différents d’« illusion » et de « rêves », signe d’une attitude exempte de tout littéralisme. Yves Bonnefoy - Yves Bonnefoy, né à Tours (Indre-et-Loire) le 24 juin 1923, est un poète, essayiste et traducteur français. Le choix de bannir tout archaïsme lexical fait inévitablement perdre certaines nuances musicales et sémantiques de la polysémie de l’original : c’est le cas du mot-clé « ricordanza » — dont le traducteur saisit pourtant bien la valeur de mot-valise contenant aussi les lexèmes italiens « cor » (cœur) et « danza » (danse) [42] —, sorte de souvenir cher au cœur dont le seul mot français de « souvenir » (utilisé dans la traduction de Alla luna [43]) ne peut nullement rendre la richesse — mais comment faire autrement en français ? Néanmoins il me semble utile, pour mieux saisir les résultats de mon analyse, de rappeler brièvement les idées essentielles caractérisant la position d’Yves Bonnefoy dans le débat actuel sur le traduire, étant donné son importance dans l’ensemble de sa démarche et la valeur qu’il ne cesse de lui attribuer, s’il est vrai qu’il en parle comme de « l’activité primordiale de la pensée au travail » [3]. Sulla traduzione in Yves Bonnefoy », in Yves Bonnefoy, Fabio Scotto, « Traduire Yves Bonnefoy en italien : le cas de. D’aucun soupir, N’est digne cette terre. Traduction et mémoire poétique, Dante, Scève, Rimbaud, Proust (2007) avec Yves Bonnefoy (1923-2016) comme Préfacier Nul ne s'égare (2006) avec Yves Bonnefoy (1923-2016) comme Préfacier C’est le cas du tercet final du Sonnet I : « et del mio vaneggiar vergogna è ‘l frutto,/e ‘pentersi, e ‘l conoscer chiaramente/che quanto piace al mondo è breve sogno. Cette publication est la plus récente de l'auteur sur Cairn.info. 2En ce qui concerne la théorie de la traduction, Yves Bonnefoy garde toute son autonomie vis-à-vis des tendances strictement linguistiques du formalisme structuraliste et du fonctionnalisme socio-linguistique de la communication ; de même, dans la querelle ciblistes-sourciers opposant les sémanticiens linguistes aux stylisticiens littéraires, il refuse de prendre une position nette, en raison de l’impossibilité de réduire un texte à son sens, et de l’exigence de récréer un son et un rythme modernes et personnels loin de toute tentation archaïsante. Yves Bonnefoy : Hamlet en traducteur et Shakespeare en poète Voir les formats et éditions Masquer les autres formats et éditions. C’est la traduction poétique qui nous intéressera ici, et plus particulièrement le cas de la traduction du Hamlet de Shakespeare par Yves Bonnefoy, ce dernier considérant Shakespeare avant tout comme un poète. Yves Bonnefoy (Tours, Indre-et-Loire, 24 de junho de 1923) é um poeta francês, autor de inúmeros livros de poemas, além de ensaios sobre arte e literatura. Collection Poésie, Mercure de France Parution : 13-04-2000 «Faut-il justifier une tentative nouvelle de traduction, quand il s'agit de l'"Ode au rossignol" ou du "Chant du pasteur errant" ? Courbés, le dos chargé d'une masse noire, Certains semblent attendre, d'autres s'effacent. Nouvelle traduction. 20Le Pétrarque d’Yves Bonnefoy se montre donc érotiquement plus proche de la terre et de ses désirs que du dualisme platonicien (et platonique) [90] ; sa traduction l’enracine dans l’Un du lieu terrestre et lui fait préférer la « grâce enfantine » [91] de Laure, et la pierre des rochers, aux ténèbres surmontant les pentes du Mont Ventoux. 7Mais c’est surtout Yves Bonnefoy qui donne aujourd’hui en France un apport irremplaçable à la mise en valeur de Leopardi. Il est interdit, sauf accord préalable et écrit de l’éditeur, de reproduire (notamment par photocopie) partiellement ou totalement le présent article, de le stocker dans une banque de données ou de le communiquer au public sous quelque forme et de quelque manière que ce soit. In this polemical essay, the author tries to understand and question this formal choice, which is at first sight … Est la vie, et jamais rien d’autre. Il est l'auteur d'une oeuvre importante, poétique aussi bien que théorique, qui interroge sans relâche les rapports qu'entretiennent le monde et la parole. Carlo Ossola remarque à juste titre le choix de traduire « questo vagar mio breve » par « cette brève errance qui est la mienne » [34], ce qui marquerait une affinité entre les errances nocturnes du pasteur errant léopardien et les poèmes en prose de La vie errante [35]. Laura Wilde - Wolkenbruch im 7ten Himmel. « La ponctuation en poésie est plus questionnante, plus risquée. D’ailleurs l’importance du sonnet comme structure formelle — en cela proche de grandes découvertes de la science expérimentale et du syllogisme — est telle qu’il arrive à lui attribuer la capacité de « mettre en question l’ordre social ! Quelques traductions nouvelles. Compte tenu du savoir somme toute limité que le traducteur de poésie peut acquérir sur l’histoire et sur la pensée de l’époque de l’auteur, Yves Bonnefoy décide de « prendre au sérieux [s]es impressions immédiates » [58], celles « du choc qu’a produit le premier instant » [59] de sa lecture du poète italien ; car « Rester auprès de soi n’est pas nécessairement trahir l’œuvre, quand celle-ci est de poésie. On voit bien que ce projet d’actualisation par la traduction se propose de respecter la forme tout en agissant sur les modalités expressives, de manière à faire parler Pétrarque « pour nous, hommes et femmes d’une époque tout autre » [69], seule façon de « préserver le poétique dans le poème » [70]. Vérifiez les traductions 'Yves Bonnefoy' en anglais. Qu'on a cru voir briller entre deux arbres. » [49]. Pas des lettres gauloises, du cyrillique. On voit bien ici la pensée critique à l’œuvre dans le travail d’interprétation et de réécriture qu’entreprend Yves Bonnefoy : si la poésie doit coïncider avec « la capacité d’aimer » [23] et d’espérer, Leopardi, dont il ne nie ni l’amertume ni le désarroi face au taedium de l’existence, ne peut nullement être le poète du désespoir [24] ; mais il sera capable d’« avoir l’intuition qui permet à la poésie de sortir de l’impasse où la pensée du non-être risque de la faire se perdre » [25]. 16Le corpus des travaux d’Yves Bonnefoy sur le « fondateur de la République des Lettres » [54] est essentiellement constitué par sa traduction de Dix-neuf sonnets de Pétrarque [55], suivi de l’essai « Le Canzoniere en sa traduction. He has chosen an irregular form: each poem boasts between 14 and 20 unrhymed lines, although he claims to be always following « a (strict) four-stanza structure, with one, the last one, shorter ». Et l'oiseau à nouveau se hissera dans son vol. Il faut dire aussi que le traducteur doit se servir des moyens dont il dispose dans sa langue ; on voit que dans le même texte, le verbe français « se remémorer » rend beaucoup mieux (y compris du point de vue phonique) l’original italien « rimembrar » [44] ; on connaît bien en tout cas la position d’Yves Bonnefoy qui exclut notamment toute possibilité d’équivalence phonique entre deux langues, en raison des différences prosodiques et de la valeur autre qu’acquiert le même son dans chacune d’entre elles : « D’une langue à une autre à ce plan des sons, qui sont toujours en rapport étroit avec le sens, aucune possibilité de transposition réelle, rien que des vagues ressemblances qui n’abusent que ceux qui ne savent ni écouter ni comprendre. William Shakespeare (Auteur), Yves Bonnefoy (Traduction) 4,5 sur 5 étoiles 85 évaluations. » [75]. Since 1994, Yves Bonnefoy has been publishing his translation of Shakespeare’s Sonnets in installments. Et me souvenant des rêves les plus chers. Tours : Presses universitaires François-Rabelais, 2007 (généré le 14 décembre 2020). Autonomie de la récréation stylistique dont cet autre vers du sonnet LVII présente un admirable exemple : « Attendre, ou n’y plus croire : même fatigue », pour : « onde e ‘l lassare e l’aspectar m’incresce » [80] ; où l’on appréciera, en particulier, la prolepse qui par le nom « fatigue » nominalise le verbe « m’incresce », et le recours aux deux points remplaçant la double conjonction italienne paratactique « e ». Yves Bonnefoy traducteur de Keats page 2 sur 10 Maxime Durisotti Aix-en-Provence, 3-5 décembre 2008 traducteur à parcourir à nouveau le chemin parcouru par le poète étranger. Une fois définies ces prémisses théoriques, la praxis d’Yves Bonnefoy agit sur la forme du sonnet en respectant la structure strophique traditionnelle de l’original, avec pour seules exceptions les sonnets CCXXV et CCXXVI [71] où, comme il arrive pour certaines de ses traductions des sonnets de Shakespeare [72], l’on assiste à une incrémentialisation de la quantité globale des vers : celle, ici, des deux quatrains italiens qui deviennent deux quintils. Quand le seau descend dans le puits qui est l'autre étoile. Distribution électronique Cairn.info pour Armand Colin © Armand Colin. Patrick Née a montré la présence chez Platon d’« une prise en compte extrêmement concrète de l’éros humain, et [d’]une véritable vie des corps et de leur désir », ainsi que d’un « dualisme » qui « aboutit à son contraire, la vie de l’âme dépouillée de ses entraves corporelles » (Patrick Née, Michael Edwards voit dans Pétrarque le précurseur de l’idée (qui sera ensuite celle de John Keats) d’un « créateur [qui] doit se créer soi-même » : «. Vous avez été déconnecté car votre compte est utilisé à partir d'un autre appareil. It is filled with translated abstracts and articles from key French-language journals. Repose, pour toujours. 13Voyons maintenant la traduction de A se stesso, utile pour montrer à la fois les stylèmes dominants d’une réécriture et d’une herméneutique sous-jacente : 15Sur le plan quantitatif, constatons tout d’abord l’incrémentialisation qui rallonge l’original d’un vers : ce qui implique que le traducteur travaille sur le texte dans son ensemble, et non pas sur chaque vers en tant que tel. Pourtant, derrière l’apparence de ces stéréotypes — ceux d’une typologie féminine que le poète ne cesse de reproposer, aux caractéristiques vaguement mariales [63] et proches de l’iconographie picturale d’un Simone Martini ou d’un Taddeo Gaddi [64] —, se révèlent le pouvoir de désignation de l’être propre à la poésie, et le mystère des correspondances et des analogies d’un cosmos voulu par un Créateur — bien que l’idée de transcendance de l’époque de Pétrarque ait définitivement disparu de l’horizon moderne. 17Ce souci d’incarnation de la poésie dans un intra-mondain constamment en dialogue avec l’autre monde du rêve ne peut se passer d’une réflexion préalable sur la forme du sonnet, qui définit, comme le cadre d’une peinture, l’espace du poème et le temps qu’il condense : d’où la volonté de « donner priorité à la récréation de la forme et le faire assez hardiment pour que celle-ci, coûte que coûte, se retrouve forme vivante et prenne ainsi un texte aujourd’hui trop peu parlant dans un resserrement qui pourra peut-être, en accentuant la netteté de chaque figure, en raviver les couleurs » [68]. Amertume et ennui. Activité du site. Édition bilingue. Mon ultime illusion. Tu as assez battu. En 1960, il traduit Jules César, de Shakespeare. Et sa traduction est, certes, extraordinaire. Parfois l'étoile du soir, celle qui vient seule, Parfois le feu sans rayons qui attend à l'aube. Le traducteur parvient à cette nouvelle dimension strophique grâce à un travail d’expansion expressive (et non pas de dilution) des segments de chaque vers ; ainsi, « En aucune forêt aucune bête » [73] constitue dans sa strophe un vers entier, alors qu’il n’est que la moitié du vers original (« non fu quant’io, né fera in alcun bosco » [74]). Toujours dans le même poème, un procédé syncopé analogue préside peu après à l’allégorisation emphatique du mot « Nature » : à la fois par son initiale qui porte la majuscule, et par l’adjectif « onnipossente » nominalisé qui s’y rapporte (« E l’antica natura onnipossente », rendu par « De ma fenêtre, la Nature, l’originelle/ Puissance » [48]), de manière à expliciter la valeur philosophique du mot, dans le contexte de la réflexion lyrique du poète de Recanati. 1. D’où le choix de traduire la poésie en vers libres, avec la conviction que la traduction poétique appartient à titre plein à l’œuvre du poète-traducteur : ce qui suppose une affinité avec l’auteur qu’il traduit, dont il reprendra, sans l’imiter, le projet original en l’accueillant dans son propre univers linguistique et expressif [4].